cause where i come from only the horses run

Invité

ellis blankenship

"even though it hurts, even though it scars, love me when it storms, love me when i fall.
every time it breaks, every time its torn, love me like i'm not made of stone."
{© baduiz ♢ love me like i'm not made of stone.}

⊹ STANDING IN THE DOORWAY

NOM : Blankenship, un nom bien connu des locaux. ~ PRÉNOMS : Ellis, Galen. ~ AGE : Vingt-neuf ans. le cap de la trentaine le terrifie. ~ STATUT CIVIL : Il s'est marié à l'âge de vingt-six ans avec la femme avec laquelle il était en couple depuis ses dix-neuf ans. C'est comme ça que ça se passe ici. Elle lui a donné deux enfants, dont l'un est né hors mariage. Si Ellis essaie d'être un bon père, il est très maladroit avec ses deux garçons, et sa relation avec eux n'est pas très naturelle. D'autant plus qu'il passe de moins en moins de temps à la maison, son mariage battant de l'aile. A l'approche de la trentaine, Ellis préfère chercher la compagnie de jeunes femmes célibataires pour lui faire oublier les responsabilités étouffantes qui l'attendent chez lui. ~ AISANCE FINANCIÈRE : Très aisée. Mais cela ne se voit pas, ou peu. ~ PROFESSION/ÉTUDES : Les Blankenship sont spécialisés depuis des générations dans l'élevage de Thoroughbred, la plus connue des races de chevaux de course. Ellis siège parallèlement au conseil de proximité de Hawk. ~ TRAITS DE CARACTÈRE : Taciturne, direct, rustre, secret, indéchiffrable, avare de sentiments, rusé, honnête, loyal, attentionné, protecteur, à l'écoute, blasé, à côté de ses pompes, perdu, instable, très impulsif, irresponsable, bagarreur, insolent. ~ GROUPE : Joy ride. si Ellis a bien la tête sur les épaules, le récent enchaînement de certains évènements lui a fait quelque peu perdre l'ordre des priorités familiales.~ AVATAR : Garrett Hedlund.

⊹ TRYING TO GET TO HEAVEN

~ Les Blankenship sont des éleveurs de chevaux de course depuis des générations. Ils sont connus à Hawk pour posséder le plus grand domaine de la région, avec leurs 58 hectares de pâturages et de pistes d'entraînement, une propriété qui risque d'ailleurs de s'agrandir encore plus depuis que l'un de leurs yearlings a gagné le prestigieux derby d'Epsom et que le nom de leur stud farm a fait la une des journaux nationaux. Tom Blankenship, à la tête de l'élevage, tient malgré tout à garder l'aspect traditionnel et authentique de son établissement, et il veille donc à ce que la structure familiale ne soit pas victime de son succès. Ellis a donc été élevé au milieu des chevaux, et ceux-ci sont donc sa passion toute naturelle. S'il a préféré s'installer en ville afin d'être plus indépendant plutôt que de vivre sur le domaine même, il s'y rend toutefois chaque jour pour aider son père et ses frères à l'administration de l'élevage. En plus de la gestion quotidienne des activités du haras, il s'occupe du débourrage et des premiers entraînements des jeunes chevaux. Parallèlement, il possède bien sûr ses propres chevaux, qu'il choisit dès la naissance et éduque lui-même, selon des méthodes classiques et/ou éthologiques.
~ Malgré sa discrétion et ses manières parfois rustiques, Ellis est très impliqué dans la vie de sa commune. Il siège notamment depuis deux ans au Parish Council de Hawkshead, où il a été élu à la grande majorité. On apprécié là-bas son sens des priorités et de l'organisation, son objectivité à tout égard, en même temps que sa facilité à prendre les bonnes décisions (largement influencée par le fait qu'il sache se faire entendre). On le dit charismatique, et pourtant il ne fait pas dans la langue de bois, ne cachant pas son indifférence et son mépris lorsque le cas se présente. De son côté, Ellis apprécié réellement les activités du conseil de proximité, et peu importe si celles-ci ne sont pas rémunérées, ou s'il ne gagne qu'une petite prime symbolique à l'issue des nombreuses heures mises au service de la communauté. Il investit également une partie de ses revenus liés à l'élevage de chevaux dans les services publics de Hawkshead, en particulier pour promouvoir l'éducation de proximité, à laquelle il est très sensibilisé depuis la naissance de Jeremy.
~ Si vous vous rendez au domaine des Blankenship, vous verrez sans doute, dans la cour, trôner à cru et se promener deux têtes blondes sur deux gros poneys touffus. Ce sont les fils d'Ellis, Adam et Jeremy, respectivement âgés de sept et trois ans. Ses fils, Ellis les aime plus que tout. Il fait tout pour être un bon père, et à vrai dire il y est presque parvenu avec Jeremy, au début. Mais Ellis, c'est ce genre de père qui ne sait pas quoi faire lorsque ses fils pleurent ou sont malades, quoi dire de rassurant lorsqu'ils font un cauchemar, comment les féliciter, leur indiquer d'aller se brosser les dents sans paraître trop dur et les brusquer, il est ce genre de père qui passe la main dans les cheveux mais qui n'embrasse pas, celui qui pense que faire des cadeaux est suffisant pour montrer son amour, alors qu'il faudrait en plus jouer avec eux, et tout ça non pas qu'il ne le veuille pas, simplement qu'il soit trop maladroit pour savoir comment s'y prendre et se sentir à l'aise en leur compagnie. Il faut dire que la paternité est quelque chose qui lui est tombé dessus comme ça, du jour au lendemain. La naissance d'Adam n'était pas prévue, pas forcément désirée non plus, et, à vingt-deux ans, Ellis était loin d'être prêt à devenir père. Il ne savait pas comment tenir son fils, ou le nourrir, ni s'il devait l'aimer ou non. Il lui a fallu du temps, mais il s'en est plutôt bien sorti finalement. L'arrivée de Jeremy a été une prise de conscience supplémentaire de ses responsabilités, et il a décidé de ne pas faire la même erreur qu'avec son premier fils.
~ Sa femme n'a pas toujours compris la relation qu'il entretient avec leurs garçons, incapable d'entendre comment il peut les aimer autant et rester pourtant si distant envers eux. Mais elle a très vite réalisé que cela vient d'un rapport conflictuel qu'Ellis entretient avec le monde dans son ensemble, une variation de la relation qu'il a même avec elle, avec tous les gens qui l'entourent. Car Ellis est de ceux qui se censurent, de ceux qui aiment passionnément et loyalement, mais qui ne le montrent pas, ou peu, par pudeur, par confusion. De ceux trop connectés à leurs sentiments, et pourtant terriblement mal à l'aise avec eux. Cela a longtemps représenté un problème dans leur couple, Naomi n'étant jamais certaine de ce qu'Ellis disait, de ce qu'il pensait, et est-ce qu'il l'aimait vraiment, pourquoi ne le lui disait-il jamais ? Et puis elle avait fini par comprendre, et accepter. Elle pensait même ne plus jamais avoir à douter de la sincérité de son mari, jusqu'aux récents évènements.
~ En épousant Naomi, Ellis n'avait jamais songé qu'il la tromperait un jour. Leur mariage, bien que très prématuré, n'était pas un coup de tête, ni une erreur de jeunesse. Leur histoire a été difficile, passionnelle et carnivore, mais Naomi est bien l'amour de sa vie, la seule femme en laquelle il se retrouve, celle dont il connaît la vraie chaleur et qu'il ne veut pas perdre. Aujourd'hui pourtant, ils n'ont plus rien à se dire. Si elle est toujours aussi belle qu'en cet été de 2003 lorsqu'elle a été élue Reine de Beauté, ses étreintes n'ont plus aucun enthousiasme, et Ellis n'y répond que par pur automatisme, mécanique bien huilée. A l'approche de la trentaine, ils étouffent, leur mariage s'essouffle, et, après dix ans de vie commune, le temps met au défi l'authenticité d'une passion évidente, sans qu'ils ne se rendent compte ni ne puissent mettre les mots sur l'importance que représente l'existence de l'un pour l'autre.
~ Lassé, Ellis s'est mis à fréquenter des femmes plus jeunes. Il a commencé en se rendant jusqu'à la grande ville la plus proche, où il a payé plusieurs fois les services de prostituées, ce qui lui semblait être le plus sûr moyen de ne pas se faire choper. Il a commencé aussi à passer du temps seul dans les bars, à se laisser gentiment aborder par des étudiantes qui n'avaient pas froid aux yeux et qu'il déshabillait ensuite violemment chez elles ou dans des motels miteux. Et puis il a rencontré Carrie Mayhews, qu'il a commencée à baiser sans capote, très régulièrement. Elle est jolie, et douce, et fraîche, et il aime sa façon de sourire d'un air aguicheur avant de se laisser prendre comme une gamine. Carrie, c'est une idée stupide, l'envie de se prouver qu'il peut toujours être brillant et un roc et un bloc et faux et rayonner de mépris et sourire dédaigneusement, l'occasion de s'exhiber et d'être en représentation. Elle est un kaléidoscope où il n'y qu'Ellis, Ellis, Ellis, son nom crié à plein poumons tandis qu'il est entre ses cuisses, et où rien d'autre n'a d'importance. Carrie, c'est facile, et il en a besoin.
~ Ellis sait très bien que tout finit par se savoir à Hawkshead, et pourtant, il préfère penser que sa femme continue d'ignorer ses agissements. A la maison, son comportement n'a pas changé. Il continue d'ébouriffer la tête de ses garçons et d'offrir des fleurs à Naomi, répare les étagères lorsqu'elles sont cassées, lave les voitures lorsqu'il fait beau, dort tranquille. Il n'a pas honte, il n'a pas peur. Il ne prend pas la mesure de ses actes, ni les circonstances qu'ils pourraient entraîner. Il ne se rend pas compte qu'il passe de moins en moins de temps avec sa famille, ni que ses allers-retours ont été remarqués par quelques villageois. Il ne remarque pas que ses chemises commencent à sentir un autre parfum que celui de Naomi, ni que celle-ci s'est mise à fouiller ses poches à la recherche d'indices. Il a d'autres préoccupations en tête et continue d'être l'homme irresponsable qu'il a toujours été, sans faire attention aux nuages noirs qui s'accumulent au-dessus de sa tête.
~ Lorsque cela finira par se découvrir, il sait toutefois que la maison s'emplira de haine. Naomi l'attendra sans doute un soir, dans le salon, assise dans un fauteuil. Lorsqu'il arrivera, elle se jettera sur lui, le couvrant de coups et de cris. Il se laissera faire puis, voyant qu'elle ne cesse pas, il lui attrapera fermement les bras, serrant un peu trop fort peut-être, les tordant un peu trop aussi, et la repoussera assez brusquement. Elle le traitera de tous les noms, il la regardera d'un oeil froid, torve, parce qu'il s'y attendait, au fond de lui, et que ça ne lui fait rien. Peut-être qu'il aura bu, dans ce cas il pourrait même répliquer, l'insulter à son tour. La traiter de salope. Elle continuera de crier longtemps, il lui dira de se taire parce qu'elle va réveiller les enfants. Si elle ne s'arrête pas, il l'attrapera et plaquera sa large main sur sa bouche. En se débattant, elle réussira à articuler qu'il lui fait mal, alors il la lâchera. Il ne veut pas faire de mal à sa femme, même si c'est déjà arrivé une fois, il y a six ans, quand elle est tombée, et qu'elle s'est ouvert la tempe.. On ne cogne pas les femmes. Elle finira par courir s'enfermer dans sa chambre. Lui, par ressortir, retrouver Carrie Mayhews.

♢♢♢

Spoiler:

Invité

"we can escape to the great sunshine,
i know your wife and she wouldn't mind."
@ tumblr / cola.

⊹ DRIFTING TOO FAR FROM SHORE

Au volant de votre voiture, vous roulez doucement dans les ruelles. Vous cherchez la fille, celle qui vous plait le plus. Cela dépend des goûts. Vous cherchez celle qui n'est ni trop grosse ni trop maigre, avec un joli minois, un air sain et propre. Celle qui vous inspire le plus confiance. Elle est là, sur le côté. Vous vous arrêtez, baissez la vitre côté passager. Si elle ne veut rien faire, elle se reculera avec un regard lancé dans la direction de son mac. Mais si elle veut bien, elle vous regardera droit dans les yeux et s'accoudera à votre fenêtre, plongeant son décolleté vers vous, afin que vous puissiez bien imaginer ses seins. Si c'est la première fois que vous faites ça, alors votre coeur battra plus vite à ce moment-là. « Cent livres pour une heure. » La voix est flirteuse et douce. C'est moins que ce que vous pensiez. Ou plus. Peut-être que ça vous attriste un peu pour elle, ou que ça vous met en colère en même temps que ça vous donne encore plus envie. « Trois. » Il se peut que les paumes de vos mains transpirent un peu en lui tendant les billets, qu'elle glisse rapidement sous son talon une fois assise sur la banquette arrière de votre berline. Vous l'observez dans le rétro, discrètement. Elle est en train d'écrire un sms. Vous vous demandez si c'est le numéro de votre plaque d'immatriculation qu'elle envoie à son proxénète, mais aussi vous pensez à ses seins. Ils doivent être beaux. Ses lèvres semblent douces. Sa peau, aussi. Elle a l'air en bonne santé. Vous vous répétez silencieusement que c'est une pute : elle fera tout ce que vous lui demanderez. Vous souriez.
Dans la chambre du motel, votre coeur se met à battre la chamade, comme un coucou enfermé dans votre poitrine, ce qui vous rend soit timide, soit furieux, ou même parfois les deux à la fois. Il est probable que vous ne l'embrassez pas, vous posez les paumes de vos mains sur ces seins auxquels vous avez tant pensé, vous déplacez vos doigts sur son chemisier et vous respirez plus fort. Mais elle, elle ne bouge pas. Vous caressez quelqu'un qui ne veut pas vous caresser en retour. Et pourtant tout est à vous, pour la nuit : les courbes de son corps, comme la chambre que vous avez dû payer vous-même, la télé, le couvre-lit démodé. Elle vous appartient, mais vous la trouvez très calme, et un peu méprisante. Cela vous rend nerveux. Mais tant pis. Vous défaites votre ceinture d'une main, vous avez glissé l'autre sous son chemiser et dans son soutien-gorge. Si vous lui faites mal, si vous lui serrez trop les seins, elle ne vous laissera pas continuer. Vous aimeriez pourtant que ce soit le cas, qu'elle aime vos gestes brutes, votre violence rentrée. Vous la déshabillez, baissez votre pantalon. Vous posez une main sur son épaule, vous la forcez à s'agenouiller. Vous vous glissez dans sa bouche, les lèvres chaudes s'entrouvrent et vous avez l'impression de pénétrer lentement dans un bain chaud. Ou dans de la boue. Vous grognez un peu quand vous sentez, tout au bout, quelque chose de rond et doux - maintenant, vous savez que c'est une pro, une lovelace. Elle toussote, ferme les yeux doucement, comme une sorte d'excuse. Vous faites en pas en arrière, l'attrapez par la taille et la retournez.
L'impression d'être quelqu'un d'autre, de vivre un peu plus fort.
Trois cent putain de livres.
Ca fait cher la petite douceur de province.
Quand c'est fini, vous sortez de la chambre sans un regard vers elle, en train de se rhabiller.
Vous reprenez la route, accompli, mais honteux.
Vous retrouvez votre femme et vos deux garçons.
Vous faites comme si rien de tout cela n'était arrivé.

"my one heart hurt another, so only one life can't be enough.
can you give me just another, for that one who got away?"
@ tumblr / no rest for the wicked.

C'était une soirée comme les autres. L'air était humide et doux, et les garçons avaient joué dehors jusqu'à une heure avancée, pendant que Naomi faisait la cuisine et qu'Ellis finissait de rentrer les dernières poulinières du pré. C'était maintenant l'heure de se retrouver à table, autour de ce plat que la reine de maison avait passé une heure à préparer avec amour. A peine assis, Adam et Jeremy, affamés, se jetèrent sur leur part de rôti. « Jeremy, tes doigts. » Le petit garçon s'immobilisa, leva les yeux vers son père. Il essuya discrètement ses mains grasses sur son pantalon puis attrapa la fourchette posée à côté de son assiette, avant de recommencer à manger, plus calmement. Adam se mit à raconter qu'ils avaient passé l'après-midi à attraper des criquets dans les champs, et Naomi poussa un petit cri scandalisé lorsqu'elle apprit qu'ils leur avaient arraché les pattes, parce qu'ils ont déjà des ailes, donc les pattes sont inutiles, non? Elle leur expliqua qu'il ne fallait pas faire de mal aux animaux, même les plus petits. Le dîner se poursuivit ainsi au gré des babillages des garçons, et il n'était pas bien avancé lorsque la sonnette retentit. Naomi fronça les sourcils, s'apprêta à se lever de sa chaise mais Ellis posa une main rassurante sur son bras. « Laisse. » Il se leva, se dirigea d'un pas serein vers la porte. C'était certainement l'un de ses amis. Anderson avait récemment des problèmes d'argent, et il passait son temps à boire et à tenter d'attirer Ellis au pub ou au club de strip-tease, grognant que les Blankenship étaient une famille trop rangée, sans se douter qu'Ellis faisait bien pire en secret.
Mais ce n'était pas Anderson. Sur le porche de la maison se tenait une jeune femme d'une vingtaine d'années, adossée contre le mur en bois. Malgré son visage baissé, la lampe d'extérieure laissait apparaître un visage marqué par les larmes et les contusions. « Carrie? Mais qu'est-ce que tu.. » Il jeta un coup d'oeil inquiet vers la salle à manger et se tut lorsqu'il vit Naomi le rejoindre. « Qu'est-ce qu'il se passe, Ellis? » Parvenue sur le pas de la porte, Naomi détailla la jeune femme tapie dans l'ombre, sur son porche, interdite. « Ellis? Qui est-ce? Mais.. elle pleure. Ellis? Que lui est-il arrivé? » Il prit sa femme par les épaules, la ramena doucement à l'intérieur de la maison. « C'est.. la nièce d'Anderson. Je m'en occupe, ne t'inquiète pas. Rentre. Les garçons sont seuls à table. » Il eut un sourire rassurant, mais ferme, vers sa femme, avant d'enfiler sa veste accrochée dans l'entrée et de fermer la porte. On entendit les pas de Naomi regagner le salon dans le silence nouveau.
Ellis attrapa ensuite Carrie et l'éloigna vivement de la maison, là-bas sur le chemin de terre qui bifurquait derrière les dépendances. Il avait les mâchoires serrées et il tremblait presque sous le coup de la montée d'adrénaline. Ses veines saillaient sur ses mains nues crispées autour des bras de la jeune femme. Une fois parvenus bien à l'écart, il fit brusquement volte face et secoua Carrie plusieurs fois. « Mais qu'est-ce qui t'as pris, bordel? On avait pourtant bien dit que tu ne devais jamais venir ici. » Il la fixait d'un air dégoûté tandis que la pression retombait petit à petit et que ses nerfs se calmaient un peu. Elle ne le regardait pas, n'osait pas soutenir son regard. Elle ne pleurait plus. Son visage était dissimulé derrière ses cheveux bruns, qu'elle touchait maladroitement aux endroits contusionnés. « Je ne sais pas si tu te rends bien compte.. Il y avait ma femme. Adam et Jeremy ! » C'était la première fois qu'Ellis prenait véritablement conscience qu'il vivait une aventure extra-conjugale. Il lui semblait enfin ressentir cette angoisse intime de la dégringolade que les infidèles éprouvent dans les films ou dans les livres, et ce besoin dès lors inévitable de la dissimulation et de la duplicité qui l'accompagne forcément. Il jura à voix basse, entre ses dents. Faisant plusieurs pas indécis, ne sachant toujours pas comment réagir, il finit par s'allumer une cigarette qu'il eut du mal à embraser à cause de ses mains tremblantes. Tirant une bonne latte, il revint plus doucement vers Carrie. Elle n'avait toujours pas prononcé un mot, attendant que l'orage passe. Elle serrait simplement son petit sac à main contre ses jambes, et c'est à ce moment-là seulement qu'Ellis remarqua qu'elle était très légèrement vêtue et qu'elle avait froid. Il se dépêcha d'enlever sa veste, qu'il posa sur ses épaules nues. Du bout des doigts, il releva le menton de la jeune femme et écarta ses cheveux afin de jeter un oeil à ses ecchymoses. Elle n'avait pas un oeil au beurre noir, mais presque. Il soupira. « Je vais te raccompagner. Monte dans la voiture. Il faut que je sache qui t'a fait ça. »