fear cuts deeper than swords.

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leith blythes

~ never forget what you are. the rest of the world will not. ~
{© crédit heartjdornan.tumblr ♢ R. R. Martin.}

⊹ STANDING IN THE DOORWAY

NOM : Son nom est Blythes, nom de cette famille connue dans les environs. Respectée, très appréciée. L'on dit toujours que les Blythes sont des gens bien. ~ PRÉNOMS : On l'a appelé Leith comme l'un de ses oncles, car chaque nouveau membre de la famille est nommé en hommage à un autre membre de cette même famille. Ensuite vient Joseph, et de ce prénom l'on devine toute la piété de sa mère. ~ AGE : Déjà vingt-huit ans ; les années semblent s'être envolées sans qu'il ne s'en aperçoive. Il n'a pas vécu, ou pas vraiment, et il en ressent le goût amer aujourd'hui. ~ STATUT CIVIL : Il est fiancé à la seule femme de sa vie, son tout premier amour. ~ AISANCE FINANCIÈRE : Il vit dans la moyenne, comme ses parents avant lui. Et cela lui convient parfaitement. Les Blythes n'ont jamais vécu dans l'opulence et, pourtant, ils n'ont jamais manqué de rien, surtout pas de tendresse et d'attention. ~ PROFESSION/ÉTUDES : Sa grande passion, ce sont les plantes, les fleurs, le bourdonnement des abeilles au printemps. Les premiers bourgeons. Il en a fait son métier, puisqu'il est devenu jardinier au Bed & Breakfast du village, celui de la famille de sa fiancée. ~ TRAITS DE CARACTÈRE : Ce que l'on remarque d'abord chez Leith, ce sont ses mains. Caleuses d'avoir travaillé la terre, mais douce. Il n'a jamais un geste brusque, ou brutal. Il est doux, attentionné. Il est calme et réservé, empli de secrets à jamais enfouis au fond de lui. Il rêve beaucoup également, s'échappe dans les livres qu'il collectionne dans la bibliothèque de son salon. Mais gare à celui ou celle qui se frottera d'un peu trop prêt à son caractère libre et naturel ; il s'énerve très rapidement et est enclin à la rancune. Lorsqu'il raie quelqu'un de sa vie, c'est pour toujours. ~ GROUPE : Daddy's eyes. ~ AVATAR : Jamie Dornan.

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⊹ TRYING TO GET TO HEAVEN

OO1. S'il est un vice qu'il abhorre plus que tout dans ce monde, c'est bien le mensonge et les cachotteries en tout genre. Leith n'accepte pas qu'on lui mente, et l'on est certain de le faire sortir des gonds en lui racontant quelque bobard. D'ailleurs, il est très bon à ce jeu-là et sait déceler cette lueur dans un regard, celle qui trahit. OO2. C'est un jeune homme organisé qui aime que tout soit à sa place. Chez lui, rien ne traine, rien ne dépasse. OO3. Il sait tous les noms des plantes, des arbres, des fleurs en latin, connaît les classes et les sous-classes. Il en connaît bon nombres, de diverses variétés et ne se lassent jamais d'apprendre. OO4. Il s'habille très simplement, n'aime pas être trop apprêté. Il ne porte qu'exclusivement des jeans, des tee-shirts qu'il a depuis qu'il est jeune, et ne rafraîchit sa penderie que lorsque sa fiancée le pousse à le faire. Il a bien quelques chemises mais il déteste le repassage, ce qui lui sert d'excuse pour ne jamais les mettre. OO5. Très manuel, il est capable de tout réparer chez lui. Et chez les autres. Ses parents lui ont appris l'altruisme et il ne sait pas dire non à un voisin qui se plaint d'un évier bouché. Aussi possède-t-il une collection impressionnante de petites figurines en bois - des animaux - qu'il a lui-même sculptées lorsqu'il était plus jeune. OO6. Il aime les romans de Jack London et les pièces de théâtre de Shakespeare ; mais le livre qui orne sa table de chevet est évidemment la Bible. Il a été élevé dans les traditions du livre sain et il n'y a jamais dérogé. Ainsi, cela peut en surprendre plus d'un, il est très croyant et va à la messe tous les dimanches. OO7. Souvent, dans la rue ou dans les magasins du village, on dit de lui qu'il se laisse marcher sur les pieds par sa fiancée, qu'il ne sait pas lui dire non, ou simplement lui faire savoir ce qu'il pense sincèrement. Et c'est un peu vrai ; élevé dans une grande famille soudée, Leith n'a jamais appris à élever le ton de la voix pour donner son avis. Il suivait les autres, faisait ce qu'on lui demandait, et il n'a jamais perdu cette habitude. Pourtant, il suffirait de l'énerver un peu pour comprendre qu'il n'est pas candide et que, au fond, c'est un homme à parts entières, avec ses pulsions et ses colères. Absolument noires, les colères. OO8. Le mariage entre sa fiancée et lui auraient dû être célébrés il y a de cela quelques mois. Entre temps, néanmoins, la famille Blythes a souffert d'une grande perte puisque le père est décédé d'une longue et douloureuse maladie. Leith a donc refusé de sauter le pas, s'accrochant aux souvenirs et à la souffrance qu'il ressent encore. Et puis, désormais, il faut compter sur les doutes qui l'assaillent depuis qu'il a fait la connaissance d'une étrangère, Livia, au B&B et qui le trouble plus qu'il ne l'avoue. OO9. Il a une cicatrice à la naissance du pouce de la main gauche. Une cicatrice faite durant une journée à la pêche avec ses deux grands frères et son père. Il s'est malencontreusement planté l'hameçon dans le doigt et il en gardera la marque à jamais. O1O. Il ne quitte jamais sa petite routine, ni la voie que l'on a tracé pour lui voilà des années. Le matin, il fait les mêmes gestes. Et ça le rassure. Il s'enferme dans ce quotidien qui lui apporte tout ce qu'il a toujours désiré. Du moins, c'est ce qu'il pense.

⊹ DRIFTING TOO FAR FROM SHORE

Il est tendu. Immobile. Paralysé. Ses yeux sondent le visage de sa bien-aimée, deux iris inquisiteurs à la recherche du message, de la réponse tant attendue. Oui. Simplement. Le visage est impassible, cependant. Elle observe la bague, un sourire au coin des lèvres. Ses lèvres pleines et roses, dont Leith est dépendant depuis tant d'années. Et la question bourdonne à ses oreilles, se répercute dans son cerveau en mille morceaux. Son crâne implose. C'est le silence qui le rendra fou. Et puis, soudain, alors qu'il n'y croit plus, elle lève les yeux et a un petit rire cristallin. Léger. Qui tourbillonne dans les airs et résonne à ses tympans. Il aime ce rire. Il aimerait qu'elle rit à nouveau. Mais elle entrouvre la bouche, attrape l'écrin avec délicatesse, toute la grâce qu'il lui connaît et s'extasie. Puis s'interrompt. "Tu as demandé à mon père ?" fait-elle doucement, comme si elle craignait d'être entendue. Personne n'assistait à la scène, cependant. Il l'avait invitée chez lui, lui avait préparé un petit repas - qu'il avait laissé brûler mais elle avait ri et assuré que ce n'était pas grave - et lui avait posé la question qui le démangeait. Veux-tu m'épouser ? Alors il fronce les sourcils. Que vient donc faire son père dans la conversation ? Il hoche la tête et elle le regarde gravement, devinant la réponse. "Oh, Leith..." murmure-t-elle et il a l'impression d'être un enfant que l'on réprimande après une bêtise. Doucement, elle lui tend l'écrin. Il a un moment de doute. "Il faut que tu demandes ma main à mon père." L'espace d'un instant, il est tenté de lui demander pourquoi. Si cette décision n'est pas plutôt à prendre entre eux deux. Et eux seuls. Mais elle ne lui laisse guère le temps de répliquer : "C'est la tradition." Et on ne rit pas avec les traditions, il le sait mieux que personne. Alors, il attrape la bague. Il sent que son visage s'est éteint. Il est déçu. Inquiet aussi. Si son père refuse, cela signifierait-il qu'ils ne pourraient pas s'unir ? Elle semble capter son anxiété, se rapproche de lui, effleure ses lèvres des siennes. Capture son âme. L'unit à la sienne avec une promesse : "Je serai ta femme, Leith."

♢♢♢

Le reflet de la glace lui renvoie une image qu'il ne reconnaît pas. Il a maigri. Ses cernes sont plus foncées, creuses. Sa mâchoire est serrée. Ses yeux sont rouges. Il n'a pas pleuré, pourtant. Il sait qu'il n'aurait pas aimé qu'il pleure. Il n'est pas prêt pour autant. Pas prêt du tout. Les enfants ne sont jamais prêts pour cette situation. Pourtant, cette journée est arrivée. Sous père sera enterré. Sa mémoire sera honorée une dernière fois, parmi les gens qu'il aimait plus que tout. Il pense à sa mère, à sa fragilité. Mais aussi à ses soeurs, à la sensibilité de Wilma. Toujours sous la peau, toujours cachée, mais qu'il devine et connaît par coeur. Il pense à Eddie. Son double ; à ce qu'elle vie, à ce qu'ils ont appris récemment. Et puis, soudainement, il sent une présence dans son dos. Déglutit difficilement, se retourne. C'est sa fiancée qui se rapproche. Le visage fermé. Il devine qu'elle a pleuré ; et il est navré de ne pouvoir rien faire. De ne pouvoir la soulager. Car sa souffrance fait écho à la sienne et qu'il ne se sent pas suffisamment fort pour les tenir tous les deux. A bout de bras. "Je suis là." chuchote-t-elle en se glissant contre son torse, en passant le dos de sa main sur sa joue. Il ferme les yeux, profite du contact chaud, lui offre le plus petit sourire du monde. Le seul dont il est capable.

Lorsque ses paupières s'ouvrent à nouveau, il remarque une larme au coin de sa pupille claire. Il l'efface d'une caresse. "Merci." répond-il. Il ne la remercie pas d'être là aujourd'hui. Mais plutôt tous les jours. D'être présente quand il se couche la nuit, d'être présente quand il se lève le matin. D'être là et de lui sourire. De faire battre son palpitant. Toujours plus fort. Toujours plus fièvreusement. Et, drôle de remerciement, il l'a trahi. En repoussant la date de la cérémonie. Il sait qu'elle est déçue, et qu'elle pleure un peu pour ça aussi. Il le devine. Et le comprend. "Je suis désolé..." commence-t-il, mais elle l'interrompt d'un doux baiser sur les lèvres, et il abandonne. Il se laisse aller contre elle, contre ce baiser. Laisse tomber les barrières. Profite du réconfort qu'elle lui apporte silencieusement. Et puis, finalement, il s'écarte. Déglutit à nouveau. Souffle quelques mots. "Je suis prêt." Un mensonge.

On n'est jamais prêt pour dire au revoir aux gens que l'on aime plus que tout.

♢♢♢

"Tu sais que papa préfère les lys, pourtant." argue-t-elle encore, un sourcil dressé. Elle en revient aux fleurs. Aux plantes. A l'état du jardin. Et il acquiesce en silence, essaie d'ouvrir la bouche mais elle l'interrompt encore, lui lançant un nouvel argument à chaque fois. Lui préfère les arums. Il les trouve plus simples. Plus enclins à cette partie du jardin. Mais elle n'abandonnera pas. Il le sait. Il sait aussi que c'est un prétexte. Qu'elle lui reproche les fleurs à défaut de lui faire des reproches sur la distance qu'il a prise depuis la mort de son père. Elle ne le comprend pas. Plus. Et il ne lui explique pas. Il se mure dans le silence. Il absorbe ses paroles, les médite, mais n'y trouve aucune réponse. Rien à redire. Il s'écrase. Il se laisse faire parce qu'il se sent coupable. Qu'elle a toutes les raisons de lui en vouloir. D'être déçue. Triste. Parce que cela fait trois mois qu'elle aurait dû être son épouse. Officiellement. Et qu'il n'a toujours pas relancé le sujet.

Elle a été compréhensive pourtant. Elle a accepté. Parce qu'elle aimait beaucoup son beau-père, également. Elle est fatiguée, néanmoins. Lassée de cette mascarade. De leurs masques et leurs non-dits. Alors elle trouve des prétextes. Et il se laisse faire. Il tend même le bâton, parfois. C'est plus facile que de faire face à ses responsabilités. La fuite en avant. "Je vais y remédier, je te le promets." Il parle des fleurs, évidemment. Elle l'a compris. Elle le sonde quelques secondes de plus, néanmoins. Comme si elle espérait qu'il ne parle d'autre chose, ou qu'il ajoute trois petits mots qu'il ne dit plus depuis longtemps. Je t'aime. Il ne le dit plus. Il fait un blocage. Parce que la dernière personne à qui il l'a dit est morte quelques jours plus tard, avalé par la maladie, rongé par les symptômes. Elle acquiesce une dernière fois, tourne les talons et rentre dans le petit bâtiment. Elle va rejoindre son père. Ou sa solitude nouvelle. Et lui reste planté là, regardant les fleurs et se demandant s'il va vraiment planter des lys. "Je trouve qu'elles sont très jolies." Il n'a pas le temps d'avoir sa réponse, une voix inconnue l'interrompt. Il se retourne vers la jeune femme - jolie brin de femme qu'il reconnaît comme étant une nouvelle cliente du B&B. Il sourit, garde le silence. "Comment on les appelle ?"

Elle a trouvé le point faible. Ou plutôt le point fort. Le sujet dont il parlera toujours. Sans discontinuer. "Ce sont des arums." fait-il en haussant les épaules et en leur jetant un coup d'oeil. "Il y en a vingt-cinq espèces, mais beaucoup les confondent avec les calla, ces fleurs que l'on met dans les bouquets des mariées..." explique-t-il, et il s'interrompt, comme s'il avait posé le pied sur une mine. Il fronce les sourcils, médite quelques instants, puis sourit poliment. "Je ne voudrais pas vous ennuyer." Mais elle hoche la tête, lui rétorque qu'elle ne l'ennuie pas. Et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de celle qui bouleversera son quotidien. Qu'il guettera, attendra patiemment sous un orme. Qui lui posera des questions que jamais personne ne lui aura posée, et auxquelles il répondra sincèrement.

♢♢♢

"Comment tu te vois dans dix ans ?" Il ne réfléchit même pas. "Je me vois avec ma femme. Elle sera heureuse, elle aura réalisé ses rêves et sera à la tête d'une belle petite famille. Et il y aura mes sœurs, mes frères, aussi. Eddie aura trouvé la paix, aura accepté la révélation. Wilma aura trouvé quelqu'un de bien. Elles le méritent." Livia hausse un sourcil, prend quelques secondes avant d'ouvrir à nouveau la bouche. "Ce n'était pas ma question." Court silence. "Je t'ai demandé comment toi, tu te voyais dans dix ans. Pas les autres."